Régis Ouvrier-Bonnaz nous a enseigné la patience, la patience des historiens ; celle qu’il avait mise au service d’une connaissance précieuse de nos disciplines, la psychologie de l’orientation bien sûr mais tout autant la psychologie du travail ou l’ergonomie. Il n’était pas historien de métier, mais il avait appris avec eux l’opiniâtreté qu’il faut pour établir les faits. Ceux qui l’ont accompagné dans ses différentes campagnes dans les archives de J.M. Lahy après M. Turbiaux qu’il avait su associer au GRESHTO ou dans celles du CNAM ont pu s’en rendre compte. C’est la découverte et l’établissement du fait historique, du document, venant justifier une hypothèse ou l’infirmer qui lui procurait la plus grande joie, le sentiment d’être utile dans la transmission d’une tradition débarrassée des idées convenues. Il tirait de là une sérénité encourageante pour toutes celles et tous ceux avec qui il travaillait. Il savait que seul le travail d’équipe réunissant des expertises différentes autour du même objet ou encore des lectures différentes autour du même auteur donnait des résultats inattendus et novateurs. Et il avait compris la force des publications collectives. Il nous laisse donc les ouvrages marquants qu’il a coordonnés à propos de S. Pacaud, de J.M. Faverge, d’H. Piéron ou encore d’H. Wallon. Ces livres sont maintenant les références de notre patrimoine disciplinaire. Mais il nous laisse plus encore : l’idée que l’histoire ne concerne pas seulement le passé mais la transformation du passé en moyen de construire l’avenir ou l’échec de cette transformation. En la matière, sa persévérante activité dans la préparation de l’édition de l’ouvrage Émotions, affects et institutions. Dialogue entre historiens et psychologues chez Octarès restera un exemple de coopération pluri-disciplinaire. Régis a su produire les traces qui peuvent guider nos pas. C’est inestimable pour un Laboratoire et bien au-delà. Nous lui en sommes définitivement redevables ».
Yves Clot
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